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location en meublé : un symptôme ou une cause du manque de logement ?
Alors que débutent le 21 mai au Sénat les discussions sur la proposition de loi transpartisane visant à renforcer les outils de régulation des meublés de tourisme à l'échelle locale, l’UNPI émet les plus vives inquiétudes sur des mesures mal ciblées et décourageantes pour des centaines de milliers de petits propriétaires sans que pour autant ce texte n’apporte de solutions à la crise du logement.
Pour Sylvain Grataloup, président de l'UNPI : « L’UNPI souligne la très grave dissonance entre l’objectif poursuivi par cette proposition de loi visant à renforcer les outils de régulation des meublés de tourisme à l'échelle locale et les mesures qu’elle contient, préjudiciables aux propriétaires. Une fois encore, le gouvernement manque sa cible en soutenant une initiative parlementaire qui tente de résoudre la crise du logement en s’intéressant aux symptômes plutôt qu’aux causes... »
Le loueur-type de meublés touristiques n’est pas coupable de la crise du logement
Cette proposition de loi, dans sa version actuelle, laisse deviner une méconnaissance totale du législateur sur le secteur du meublé touristique en général et le profil du loueur meublés touristiques en particulier.
D’une part, faut-il lui rappeler que, selon plusieurs études concordantes, menées par Stratégy& et la SPLM[1] fin 2023, 9 meublés de tourisme sur 10 sont des résidences principales ou secondaires occupées par leurs propriétaires et louées de façon occasionnelle ? A l’évidence, ces résidences, parce qu’elles sont utilisées par les propriétaires, n’ont donc aucune vocation à entrer dans le parc locatif de longue durée.
D’autre part, faut-il lui rappeler que, sur 38 millions de logements en France, seuls 80.000 sont dédiés à l’activité de meublés touristiques, ce qui représente 0,2% du parc résidentiel français ? Il est donc incontestable que le secteur de la location de courte durée est sans effet sur le marché locatif de longue durée.
C’est pourquoi, l’objectif affiché par le législateur de « lutter contre les phénomènes d’éviction des résidents permanents des zones tendues en favorisant la mise sur le marché de logements destinés à la location de moyenne et longue durée »[2] est manqué alors que l’on sait tous que les causes essentielles de la crise du logement subie par les Français se cristallise autour de phénomènes multiples, anciens et/ou plus récents.
Une boîte à outil de régulation d’ores-et-déjà fournie
Agitée délibérément comme un « chiffon-rouge » anti-propriétaires qui ne dit pas son nom, la proposition de loi ajoute une nouvelle couche au millefeuille réglementaire déjà complexe et dont peu d’élus locaux se sont encore emparés. A l’heure actuelle, seulement quelques centaines de villes ont mis en place une règlementation locale
des locations meublées touristiques alors que des milliers pourraient déjà le faire ! Et tandis que le Gouvernement prétend s’engager dans la simplification administrative pour tous les Français, l’UNPI considère que cette surenchère législative va encore complexifier un cadre déjà mal connu et mal compris par beaucoup d’acteurs publics locaux et renforcer l’instabilité législative et sociale. Il aurait été plus avisé de réaliser une étude d’impact sérieuse de la règlementation en vigueur pour déterminer les effets de ces mesures sur la spéculation immobilière.
Une nouvelle attaque du droit de propriété et une atteinte importante au pouvoir d’achat des propriétaires
Empêcher les propriétaires occupants de louer leur résidence principale ou secondaire par le biais du meublé touristique, c’est porter une nouvelle atteinte grave à leur droit fondamental de propriété et restreindre leur pouvoir d’achat dans une période économiquement difficile pour tous.
Par ailleurs, la remise en cause du plafond national de 120 jours de location autorisés pour la mise en location touristique de la résidence principale (pour passer à 90 jours en fonction de la décision d’une commune sur délibération motivée), interroge. En effet, la crise du logement ne sera pas enrayée par ces mesures sentant bon l’arbitraire tandis qu’est retirée aux propriétaires une source de revenus essentielle pour beaucoup, source destinée le plus souvent à entretenir le bien ou à compléter un salaire ou une pension de retraite.
Enfin, le même constat s’impose s’agissant de la fiscalité. S’il semble pertinent de s’interroger sur les avantages accordés à ceux qui font de l’activité de meublés touristiques une activité professionnelle, l’UNPI dénonce la réorganisation de la fiscalité des logements meublés telle qu’elle est présentée dans la proposition de loi. En effet, les meublés de tourisme non classés passeront à un régime à 30% et 23.000 euros par alignement avec le plafond du régime micro-foncier pour les revenus locatifs, privant ainsi les propriétaires d’un complément de revenus devenu, pour beaucoup, essentiel.
En définitive, l’UNPI souligne la très grave dissonance entre l’objectif poursuivi par cette proposition de loi visant à renforcer les outils de régulation des meublés de tourisme à l’échelle locale et les mesures qu’elle contient, préjudiciables aux propriétaires. Une fois encore, le gouvernement manque sa cible en soutenant une initiative parlementaire qui tente de résoudre la crise du logement en s’intéressant aux symptômes plutôt qu’aux causes.